MBWS 2020 : Satisfecit pour la gestion au 1er semestre « MAIS »

MBWS 2020 : Satisfecit pour la gestion au 1er semestre « MAIS »
 
Ces comptes témoignent d’une gestion avisée de MBWS tout en comportant des « MAIS ». Ils s’inscrivent donc dans la lignée du communiqué du 16 juillet qui levait les hypothèques pour le redressement du groupe tout en comportant beaucoup de SI.. Ces « SI » qui conditionnent le redressement durable demeurent pour l’essentiel tandis que les résultats doivent être corrigés de l’impact d’évènements particuliers qui sont autant de « MAIS » !

1- Recadrage des comptes semestriels 2020 à la lumière des conclusions de nos derniers articles

1.1 - Notre article du 4 juillet 2020 constatait que le redressement était bien engagé :
Nous avions mentionné « ces « détails » qui montraient que la direction de MBWS a bien chargé la barque en 2019 au niveau des provisions :

  • Pour risques et charges liées en grande partie aux restructurations « sociales »’ qui ont été en hausse de 5 M€ et ceci après une utilisation de 7 M€ des provisions déjà constituées !
  • Pour dépréciation des comptes courants et tires de participation d’environ 35 M€ concernant essentiellement pour les comptes courants des filiales polonaises

En retraitant le résultat net d’une quarantaine de millions d’euros liées à ces provisions, le compte de résultat sans redevenir positif, apparait moins dramatique sur 2019. Par ailleurs, ces charges ayant été comptabilisées en 2019, elles ne viendront pas impacter le résultat 2020. Hors l’inconnue de l’impact de la crise sanitaire, le redressement de MBWS aurait été bien perceptible en 2020.

1.2 – Notre article du 9 juillet 2020 : A la revoyure pour une prochaine AG qui soulignait qu’une autre AGE serait nécessaire pour établir un financement durable

L’assemblée générale extraordinaire ne comporte pas les résolutions qui seraient nécessaires à l’augmentation de capital envisagée…L’absence de ces résolutions signifie que la restructuration financière de la société n’est pas finalisée. Certes la récupération annoncée le 3 juillet, de 6,7 M€ sur une créance qui avait été totalement dépréciée, devrait réduire un peu le besoin de financement. Des cessions d’actifs pourraient aussi aller dans ce même sens – même si à ce jour, nous ne possédons aucune information sur ce sujet -. L’ASAMIS a plaidé plusieurs fois pour la cession d’actifs peu rentables comme l’usine de Lancut.

Dans ces conditions et sauf à ce que des résolutions soient ajoutées en dernière minute, un nouvelle AGE devra se tenir en septembre octobre. Dans cet intervalle espérons qu’un accord sera trouvé avec le fournisseur de Whisky, faute de quoi les conditions posées par la COFEPP ne seront pas satisfaites et une procédure collective ne serait pas écartée. Toutefois quand bien même cette extrémité surviendrait, cela ne signifierait pas que le redressement serait compromis. Nous restons donc confiants dans le devenir de MBWS en dépit des inquiétudes sur la finalisation du financement.

1.3 – Notre article du 17 juillet sur le communiqué du 16 juillet 2020

Il comportait l’indication de la résolution de 3 points noirs assortis cependant de conditions suspensives (les fameux « SI »).

1 - Signature d’un accord sous conditions suspensives avec United Beverages S.A. en vue de la cession des activités du Groupe en Pologne Le closing de l’opération devrait intervenir d’ici 2 à 4 mois  Le communiqué du 29 juillet confirmait cette situation.
PREMIER « SI » qui à ce jour n’est pas levé.

2 - Accord de principe sur la modification d’un contrat de fourniture vrac de Scotch Whisky conclu avec un fournisseur de MBWS, en vue de la mise à disposition prochaine du solde de l’Avance 2 par COFEPP
SECOND « SI »  une formalisation contractuelle prévue en septembre, qui à ce jour n’est pas faite.

3 - Engagement de mise à disposition par la COFEPP d’une tranche additionnelle intermédiaire d’un montant maximum de 5,5 millions d’euros en fonction des besoins immédiats du Groupe

TROISIEME « SI » un moratoire portant sur une partie des dettes fiscales et sociales du Groupe.  Cette condition suspensive est levée : un moratoire de 7,5 M€ a été confirmé par le CIRI en sept.

Ce 30 septembre, il faut constater que seule une condition suspensive à l’octroi d’avances nécessaires au financement de MBWS a été levée…Probablement la plus aisée à obtenir d’ailleurs.
 
Par ailleurs l’endettement de MBWS auprès de la COFEPP n’a cessé de croître en 2020 : d’abord le rachat le 17 janvier du prêt senior bancaire de 45 M€ puis un ensemble d’avances de trésorerie  à hauteur de 21 M€ au 1er semestre 2020. », auxquelles il faut ajouter une avance de 4 M€ consentie le 10 août. Cet ensemble auquel pourrait encore s’ajouter un solde d’avance de 1,5 M€ est appelé à être converti en actions ordinaires dans le cadre d’une augmentation de capital.
Nous attendons toujours les précisions complémentaires sur les modalités et le calendrier de l’augmentation de capital mais il est prévisible qu’une AGE interviendra avant la fin de l’année.

2- Examen des comptes semestriels et les nombreux « MAIS »

2.1 Le chiffre d’affaires du 1er semestre 2020 a atteint 135,3 M€, en hausse de +0,4% à périmètre et devises constants par rapport à un chiffre d’affaires comparable de 134,7 M€ en 2019 après application d’IFRS 5 lié à la cession de Sobieski Trade intervenue fin octobre 2019. MAIS cette évolution a été largement soutenue par le relais conjoncturel des ventes en vrac en Pologne et en Lituanie, lié à la pandémie mondiale.

De plus  Le chiffre d’affaires Activité Marques du premier semestre 2020 s’élève à 80,6 M€ par rapport à 90,4 M€ au 30 juin 2019, en baisse de 10,8%. Le « MAIS » le fort impact au 2ème trimestre par les mesures de confinement liées au Covid-19
 
2.2 La marge brute se renforce ! « la marge brute du premier semestre 2020 est en hausse de 7,7%, soit une progression de 2,8 points du taux de marge brute qui atteint 41,5% au 1er semestre 2020 contre 38,7% au 30 juin 2019. »

2.3 « L’EBITDA ressort à + 7,0 M€, en amélioration de +14,4 M€ par rapport à fin juin 2019. Cette évolution reflète à la fois l’amélioration de la marge brute et la baisse de près de 23% des charges externes, liée à la diminution volontaire des dépenses de marketing. »

L’ASAMIS souligne que la réduction des charges de gestion qu’elle demandait instamment est bien engagée, tant au niveau de la baisse des coûts de la Holding que des charges de personnel et de commercialisation. C’est donc un vrai satisfecit. Toutefois, émettons un petit « MAIS » à ce niveau, il n’est pas dit que cette amélioration pourra encore s’accroître.

Autre point : « La contribution des ventes en vrac, portées par le contexte de pandémie, s’élève à 3,3 M€ sur le semestre’. Là aussi, c’est un satisfecit pour la gestion de MBWS qui a su être réactive et saisir une opportunité MAIS, il s’agit d’une contribution opportune : elle ne devrait pas être pas durable et si oui, peut-être pas avec les mêmes marges.
 
2.4 Le résultat net en fort redressement par rapport à 2019 MAIS avec un produit exceptionnel

« Après prise en compte d’un résultat financier de +2,2 M€ incluant un produit financier lié à un complément de remboursement d’une créance détenue sur Clico Investment Bank située à Trinidad et Tobago, à hauteur d’environ 6,7 M€, le résultat net part du Groupe du premier semestre 2020 s’est élevé à -1,4 M€ ». Le « MAIS » le résultat positif est dû à une opération non récurrente.
 
Prévisions : La direction souligne sa bonne gestion et la résilience de MBWS et ajoute un « MAIS » : Néanmoins, les perturbations liées au Covid-19 perdurent sur la deuxième partie de l’année, et devant l’incertitude sur la durée de cette crise, le Groupe ne dispose pas encore de la visibilité suffisante sur les perspectives de l’année.
Et pour finir, un « MAIS » majeur : " Si les hypothèses décrites ci-dessus ne devaient pas se réaliser, le Groupe pourrait ne pas être en mesure de réaliser ses actifs et de régler ses dettes dans le cadre normal de son activité et l’évaluation et la classification des actifs et passifs pourraient en être impactées de manière significative."
 
CONCLUSIONS de l’ASAMIS :
 
Le redressement est en cours. De bonnes décisions de gestion ont été prises afin de faire face à la crise sanitaire et économique sans précédent.
Toutefois, il convient aussi de relever que de nombreux « MAIS » relativisent ces résultats satisfaisants. Ainsi l’EBITDA de 7 M€ est dû pour 3,3 M€ aux ventes en vrac, activité qui pourrait ne pas être pérenne et hors du champ de l’activité classique du groupe. Également il faut relever que le résultat net n’est en perte que de 1,4 M€ en grande partie en raison du recouvrement d’une créance totalement amortie : 6,7 M€ ;
 
La maison mère COFEPP a maintenu et accru son soutien financier. C’est évidemment un point positif témoignant de la confiance des dirigeants dans le redressement qu’ils soutiennent. MAIS d’un autre côté, il faut noter que le soutien financier ne cesse de croître et qu’il atteint 70 Millions d’euros. Le cash-flow s’il était positif devrait améliorer la trésorerie et non pas se traduire par un accroissement des besoins financiers.
Par ailleurs, la conversion de ces créances en capital va entraîner une forte dilution des minoritaires et permettre à la COFEPP de détenir vraisemblablement 77% du capital. Le « MAIS » à ce niveau réside dans l’avenir qui sera réservé aux minoritaires.
Au final les comptes du 1er semestre confirment que la gestion est réactive et avisée MAIS il demeure de fortes incertitudes sur la rentabilité dues au contexte économique et à la finalisation d’importantes négociations.
 

Tags: