Technip Energies, du « ANTALIS bis repetita » mais en mieux ?

Technip Energies, du « ANTALIS bis repetita » mais en mieux ?

L’ASAMIS trouve des similitudes entre le dossier Antalis et Technip Energies, à savoir un split entre deux sociétés et la présence de BPI France au capital mais la comparaison s’arrête là.

Le groupe parapétrolier Technip FMC a procédé la scission avec Technip Energies au mois de février. Cette opération devrait permettre au groupe de se désendetter via la monétisation de ses parts dans sa filiale Technip Energies. Le groupe était soumis à une période de blocage de ses 49% de part du capital qui a expiré ce 16 avril.

Bpi France, déjà présent initialement dans Technip FMC, est monté au capital jusqu’à hauteur de 7% du capital de Technip Energies en y investissant 100 millions de dollars. La prise de participation supplémentaire a été déterminée sur la base du cours de l’action Technip Energies moyen pondéré en volume («VWAP») sur les trente premiers jours, avec une décote de 6%.

La rotation du capital est en cours : quelle société récupérera le plus gros bloc ? Y-a-t-il des sociétés intéressés comme hypothétiquement TOTAL, VINCI, voir AIR LIQUIDE? Les sociétés intéressées doivent être nombreuses vu les enjeux sur l’énergie qui se jouent depuis ces derniers mois. L’ASAMIS s’attend à ce qu’elles soient françaises au regard des enjeux de géopolitique mondiale.

Présentation de Technip Energies

Pour comprendre ce qui se joue, voici une présentation de la société.

Technip Energies est une entreprise d'ingénierie et de technologie de premier plan au service de la transition énergétique, avec des positions de leader dans le Gaz Naturel Liquéfié (GNL), l'hydrogène et l'éthylène avec une présence forte sur les marchés en croissance de l'hydrogène « bleu » et « vert », la chimie durable et la gestion du CO2. L’entreprise bénéficie de son solide modèle de livraison de projet, soutenu par une offre étendue de technologies, de produits et de services avec une présence dans 34 pays, 15 000 collaborateurs.

Contrairement à Antalis, Technip Energies est bénéficiaire dans un marché porteur : En 2020, le chiffre d'affaires ajusté de la société est ressorti en hausse de 8,8%, à 6,01 milliards d'euros, démontrant la bonne exécution des projets, malgré un environnement difficile. Le bénéfice net de l'entreprise est ressorti en amélioration de 78% l'an passé, à 220 millions d'euros. Technip Energies, en plein santé, engrange 6,5 milliards d'euros de prise de commandes au T1 2021, comprenant le projet majeur de GNL au Qatar et portant le carnet de commandes ajusté à 17,8 milliards d'euros. Aujourd’hui, la capitalisation boursière de la société est inférieure à ses 2,5 milliards d'euros de trésorerie nette ajustée mais comptabilisé en norme IFRS 15 c’est-à-dire intégrant du « passif sur contrat », en d’autres termes de l’avance sur projet.

On est loin des piètres performances d’Antalis, pilotées par Pascal Lebard ayant, avec le soutien indéfectible de BPI France entrainé SEQUANA à la faillite. Un groupe japonais KPP avait alors récupéré à vil prix la part majoritaire de SEQUANA dans Antalis et fait sortir les actionnaires minoritaires via une OPA suivi d’une OPR. L’ASAMIS s’était alors battue contre les acteurs de cet OPA pour les amener à relever le prix de 0.73€ à 0.90€. Une petite victoire amère mais une victoire tout de même.

Les couleurs de l’hydrogène : gris, bleu, vert, comment s’y retrouver ?

«Technip Energies est bien placée pour prendre le train de l'hydrogène» affirme Arnaud Pieton, son directeur général. Certes, Technip Energies communique à tout va sur sa mutation vers une transition énergétique. Cela peut être considéré comme du greenwashing, aussi nommé écoblanchiment ou verdissage, procédé de marketing dans le but de se donner une image de responsabilité écologique. Mais il faut reconnaitre une chose, c’est le spécialiste de l'hydrogène « gris », celui qui est produit à partir d'énergies fossiles, surtout de gaz naturel. C’est aussi un des spécialistes de l’hydrogène « bleu » qui est de l’hydrogène « gris » décarboné. Ce n’est pas de l’hydrogène « vert » issu de de l'électrolyse de l'eau comme le fait la société McPhy. Technip Energies est d’ailleurs actionnaire de McPhy à hauteur de 5%.

L’hydrogène « vert » tout le monde en parle mais la technologie n’est pas prête pour remplacer la demande mondiale en énergie. Elle est chère à produire et n’est toujours pas disponible en quantité industrielle. L’hydrogène « bleu » décarboné a donc encore toute sa place pour longtemps.

le premier cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la stratégie bas carbone et l’adaptation au changement climatique "Carbone 4" exprime parfaitement les enjeux de demain sur l’énergie. Vous pouvez visualiser les interventions de Jean-Marc Jancovici de Carbone 4 dans de nombreuses vidéos sur Youtube. Carbone 4 souligne le poids insignifiant du photovoltaïque et éolien dans le domaine de l’énergie dominée de manière écrasante par les énergies fossiles. Elle souligne également l’absurdité de l’hydrogène dans les transports car le gaz est très volatil et nécessite un surpoids de technologie dans la voiture par rapport aux voitures classiques. Carbone 4 trouve plutôt judicieux l’utilisation de l’hydrogène en remplacement du coke (produit en chauffant différentes qualités de charbon réduites en poudre et mélangées) dans les industries comme ceux de l’acier et le ciment.

C’est exactement ce que Technip Energies compte faire en communiquant son offre baptisée 'BlueH2 by T.EN'. En plus de cibler les applications traditionnelles de production d'hydrogène à faible teneur en carbone, telles que le raffinage ou la fabrication d'ammoniac, l'offre est destinée à la décarbonation d'industries telles que l'acier, le ciment, la production d'électricité, les oléfines et le GNL, fait valoir Technip Energies dans un communiqué datant du 6 mai 2021.

Les mouvements capitalistiques doivent se stabiliser

L’ASAMIS suit avec curiosité l’actualité capitalistique de Technip Energies sans juger utile d’intervenir, car l’expérience de l’association dans le dossier Antalis lui permet de croire à l’intervention d’un industriel de référence dans le capital de Technip Energies en reprenant la part restante du capital que possède Technip FMC.

Mais revirement de situation le 26 avril, Technip FMC décide finalement de céder que 14% de sa participation contre 45% initialement. Elle a donc trouvé le moyen de conserver ce qu’elle pourra mieux valoriser demain, c’est-à-dire 31% du capital de Technip Energies.

Ces 14% ont été cédé via un carnet accéléré à la fin du moins d’avril, sans pour autant déboucher sur des déclarations AMF de nouveaux actionnaires. L’ASAMIS doit donc conclure qu’aucun actionnaire n’a dépassé les 5% assujetti à la règle de l’AMF. Cet évènement s’est déroulé dans une totale opacité pour les actionnaires minoritaires. La seule information vient de Technip Energies elle-même qui en a profité pour acheter 20 millions d’euros de ses propres actions.

Conclusion

Technip Energies est société saine et bénéficiaire. Elle est idéalement placée en ce qui concerne les enjeux de demain sur l’énergie. Toutefois son cours de bourse d’aujourd’hui est le même qu’au moment de son introduction en bourse en février 2021, c’est dire que le marché reste attentif aux mouvements capitalistes de la société. Oddo BHF a commencé le suivi de Technip Energies avec une recommandation « Surperformer » et un objectif de cours de 18€. L’objectif de JP Morgan est de 16€.

Ceci n’est pas un conseil d’achat ou de vente mais une analyse boursière d’actualité.

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